Assé-le-Boisne : petit village, grands atouts cachés

22/09/2025

Un coin de Sarthe à l’abri du tumulte

Certains noms claquent d’aventures lointaines, d’autres murmurent à l’oreille des familiers. Avec Assé-le-Boisne, on est résolument dans la seconde catégorie. Blotti au nord-ouest du département, à mi-chemin entre Alençon et Le Mans, ce village prend son temps. Il n’a jamais eu la prétention d’être une star sur les cartes ; mais derrière cette discrétion, il cultive un certain art de vivre et un sens de l’accueil qui ne disent jamais non à la curiosité.

C’est là, sous ses airs de village où il ne se passe rien, que se cachent des atouts insoupçonnés, des lieux à picorer et à raconter, tout ce qui fait la saveur d’un territoire rural qui sait encore être surprenant.

Quelques clés-chiffres pour ouvrir la porte d’Assé-le-Boisne

  • Population (2021) : un peu plus de 1 000 habitants (source INSEE) — ni trop chaud, ni trop froid pour ceux qui aiment dire bonjour sans se sentir étouffé.
  • Altitude : entre 84 et 173 mètres — juste assez de bosses pour profiter du panorama sans casser le vélo.
  • Superficie : 36,59 km² — du terrain pour se perdre et se retrouver.
  • Dépend de : la Communauté de Communes Haute Sarthe Alpes Mancelles — alliage intéressant de ruralité et de dynamisme local.

Patrimoine, pierres et mystères : la richesse visible… et invisible

L’église Saint-Étienne, sentinelle depuis le XII siècle

Elle domine le bourg un peu à la manière d’une veilleuse dans la nuit sarthoise. L’église d’Assé-le-Boisne, classée depuis 1926 (source : Ministère de la Culture, Base Mérimée), date du milieu du XII siècle. C’est un des beaux témoignages romans du département, avec son portail cintré, ses colonnettes à chapiteaux sculptés, et ses modillons qui recensent quelques têtes grimaçantes et motifs païens — la touche d’insolence dans la ferveur rurale.

À l’intérieur, un retable du XVIII siècle et des objets classés ajoutent au charme suranné de l’ensemble. Anecdote moins connue : la cloche, fondue en 1707, sonne encore pour chaque événement marquant du village.

Les manoirs, témoins d’un passé cossu

  • Le Boisgeffroy : un manoir du XVI siècle, qui garde la mémoire de vieilles familles et de bâtisseurs aventureux.
  • La Masselière : élégante demeure du XVII siècle, parfaitement intégrée à la campagne alentour, souvent mentionnée dans les inventaires du patrimoine.

Ces bâtisses ne se laissent pas toujours visiter — certains sont logements privés —, mais on les devine au détour d’un chemin ou derrière une allée de grands arbres, silhouettes patinées par les siècles.

Histoires de clocher et de magie populaire

Il y a à Assé-le-Boisne un drôle de sobriquet. Jadis, les habitants étaient surnommés les “Frileux”, une manière de moquer leur prudence face au vent du nord, paraît-il (référence : Georges Lelièvre, “Dictons, sobriquets et légendes de la Sarthe”, 1967). Ces petites histoires forment un ciment local, comme les légendes du Pont des Fées, un ouvrage de pierres caché dans la campagne. On y prêtait autrefois des vertus de passage magique, “pour les enfants qui ne venaient pas” disait-on à mi-voix.

Ces bouts de folklore, glissés entre deux balades, donnent un parfum de conte à la plus rustique des promenades.

Naturalisme tranquille : promenades, bocage et surprises végétales

Ici, on n’embarque pas les foules dans une réserve classée Unesco, mais plus discrètement, le village d’Assé-le-Boisne propose de beaux morceaux de campagne, typiques du Haut-Maine. Le bocage y tient le haut du pavé : haies libres, vieux chênes et chemins creux, propices à l’évasion et à l’observation des petites bêtes.

  • Le Bois de la Masselière : Espace boisé d’une trentaine d’hectares (source : ICPE Sarthe), semi-ouvert au public, idéal pour une pause cueillette ou écoute d’oiseaux au lever du jour.
  • La vallée du Chéran : Petite rivière au débit paisible, qui sculpte le paysage sur quelques kilomètres avant de rejoindre la Sarthe. Berceau d’une biodiversité ordinaire mais remarquable : Martin-pêcheur, libellules de mai, chevreuils matinaux.

Une particularité méconnue : la présence de prairies humides sur les bas-fonds, qui accueillent chaque printemps des espèces d’orchidées sauvages : Dactylorhiza incarnata pour les botanistes chevronnés.

Les sentiers partagés-VTT ou randonneurs s’égrènent autour du Bourg : le Circuit du Boisne (11 km) ou la petite boucle de la Croix Blanche (5 km) jalonnée de croix de chemin et de points de vue sur la campagne alentour (infos : Haut Sarthe Tourisme).

La vie locale en équilibre : initiatives, événements et solidarité rurale

Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’un village n’a rien de “mort” s’il chérit encore ses rendez-vous et dynamise ses assos locales.

  • Le marché du vendredi matin : rendez-vous hebdo sur la place de l’église. Petits producteurs, maraîchers, fromager crémeux et miel local : une poignée de stands, mais la convivialité d’un grand marché.
  • L’association “Assé Bouge” : créé en 2003, mêle acteurs locaux, habitants nouveaux et anciens pour organiser balades contées, soirées jeux ou cafés lecture ; un fil rouge de lien social sur lequel le village n’a jamais craché.
  • Fête de la Saint-Jean : chaque fin juin, c’est l’occasion d’un grand pique-nique et de feux de joie où le bois mort et les soucis s’envolent ensemble. Le bourg attire alors jusqu’à 600 personnes, bien au-delà de sa population habituelle.

La mairie anime aussi une bibliothèque, un centre de loisirs et propose des ateliers allant du jardinage partagé à la lecture pour tous. Dernier chiffre : près de 22 associations actives (source : mairie), ce qui, ramené à la population, ferait rêver bien des grandes communes.

Santé, école et services de proximité : mieux qu’au supermarché

Assé-le-Boisne possède son école primaire (regroupement pédagogique avec un village voisin), une agence postale, un cabinet médical et une pharmacie. L’essentiel, sans la foule ni le stress. C’est la campagne contemporaine, ni désertée ni déconnectée : la fibre optique est arrivée en 2021 sur tout le territoire communal (source : Sarthe Connectée).

Des paysages et des saveurs : une terre à découvrir au fil des saisons

Ce territoire a le don de se déguiser à chaque saison :

  • Printemps : explosion de pommiers en fleurs, cressonnières sauvages sur les ruisseaux, odeur douce de foin coupé.
  • Été : sentes ombragées, moissons d’or, terrasses improvisées sur les tables d’ardoise du centre-bourg.
  • Automne : sous-bois qui virent au cuivre, bal des champignons sur les marchés.
  • Hiver : clocher nappé de brume et spectacle du givre sur les haies — un décor à la Simenon, sans le polar.

Côté saveurs, impossible de passer à côté du poiré fermier (un voisin, la commune de Ségrie, a été une capitale du genre) et des rillettes à l’ancienne, qu’on déguste lors de la fête du terroir en septembre.

Petit détour par quelques curiosités locales

  • La source du Boisne : Point d’eau naturel qui donna son nom au village, objet de processions jusqu’aux années 1950.
  • Le lavoir du Mail : restauré il y a une quinzaine d’années, vestige de la vie d’avant l’eau courante, aujourd’hui paisible rendez-vous des grenouilles et des nostalgiques.
  • Vieilles maisons à pans de bois : éparpillées autour du bourg, elles expriment le génie d’adaptation au climat sarthois — torchis, tuiles plates, portes basses où il faut baisser la tête pour entrer comme chez les contes.

Il y a aussi quelques bornes mystérieuses, datées de 1775, qui balisent les anciennes limites entre fiefs. Les enfants du cru racontent qu’elles sont hantées par la nuit — mais chut, c’est bon pour les histoires au coin du feu.

Assé-le-Boisne demain : offrir l’authentique sans tricher

Ce village porte haut le drapeau de l’authenticité sans le crier sur tous les toits. Il n’a pas misé sur des parcs d’attraction ou des formules “village-musée”, mais sur son tissu local, sa nature accessible et des rendez-vous qu’on partage, parfois sans tambour ni trompette. C’est ici que l’on mesure le vrai plaisir d’une halte : découvrir un patrimoine à taille humaine, profiter de vraies rencontres et sentir qu’on fait partie, pour un instant, d’une histoire qui prend son temps.

Assé-le-Boisne, ce n’est pas un décor de carte postale figé, c’est un carnet d’adresses pour qui sait s’arrêter, écouter, et peut-être, pourquoi pas, faire la nique à la routine en poussant de portes que d’autres ignorent. Et si le cœur vous en dit, prenez le temps de goûter ses recoins : ici, chaque détour mérite de s’y attarder.

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