Restaurer l’ancien : l’art du rapiéçage et de la transmission
On pourrait croire que l’État dépêche des armées de restaurateurs pour chaque tuile ébréchée. La réalité, c’est que la Haute Sarthe soigne ses vieilles pierres par le truchement d’un subtil mélange : initiatives communales, implication de familles héritières, associations de passionnés, aides départementales et régionales, et une toute petite pincée d’État.
Les collectivités locales, premiers gardiens
Dans la majorité des cas, la restauration d’un élément de patrimoine rural commence dans les réunions de conseil municipal, un soir de janvier. Par exemple, à Saint-Pierre-sur-Orthe, la réhabilitation du lavoir communal a abouti après deux ans d’études et de recherches de subventions. Un tiers du financement provenait du département, un tiers des fonds propres de la commune, et le reste d’associations ou de mécénat local.
- Le Fonds de soutien départemental au patrimoine (FSDP) a aidé plus de 70 projets dans le nord de la Sarthe depuis 2010 (source : Conseil départemental de la Sarthe).
- La région Pays de la Loire consacre chaque année près de 3 millions d’euros à la sauvegarde du patrimoine, incluant églises rurales et bâtis agricoles.
Les associations, chevilles ouvrières du paysage
Depuis les années 1980, la Sarthe a vu éclore de nombreuses associations axées sur la préservation du patrimoine : « Patrimoine & Traditions », « Les Vieilles Pierres du Haut Maine », etc. Elles agissent concrètement :
- organisation de chantiers de bénévoles : pose de torchis sur longère à Saint-Rémy-du-Val, taille d’ardoises au Buguel, etc.
- recherche et publication de documents anciens (cartes postales, plans cadastraux),
- animation de visites, journées portes ouvertes, balades du patrimoine,
- réhabilitation de sentiers et petit mobilier (croix, bornes, puits).
Plus étonnant, le dispositif « Adopte un mur », lancé par le Parc naturel régional Normandie-Maine en 2019, a permis à des citoyens et des scolaires de restaurer plus de 500 m de murets à pierres sèches en Haute Sarthe, une technique qui n’avait plus cours depuis un demi-siècle (source : PNR Normandie-Maine).