Balades secrètes : cinq communes discrètes à découvrir en Haute Sarthe

04/10/2025

Saint-Léonard-des-Bois : nature et vertige sur la Sarthe sauvage

Saint-Léonard, les connaisseurs du coin la chuchotent comme une adresse confidentielle, nichée au cœur des Alpes Mancelles. Cette appellation à elle seule a de quoi intriguer : ici, la Sarthe creuse sa vallée, dessine des reliefs qu’on n’attendrait pas dans le nord du département. Au détour d’une route sinueuse, le bourg déploie ses maisons au pied des versants boisés, donnant des airs d’évasion montagnarde en miniature.

  • Dénivelé local : avec ses 126 mètres d’altitude en fond de vallée et 217 mètres au Pain de Sucre, le village offre des panoramas inhabituels dans la région (source : IGN).
  • Patrimoine discret : l’église Saint-Léonard veille sur le pont de granit, et alentours, plusieurs moulins témoignent de la vie industrieuse passée. Le cimetière marin, accroché à flanc de coteau, promet une belle vue pour l’éternité.
  • À ne pas manquer : la randonnée des Rochers d’escalade (site classé depuis 2010, source : DREAL Pays-de-la-Loire), le sentier botanique du Gasseau, et la base de loisirs, paisible hors des foules d’été.

A Saint-Léonard, même les vaches ont l’air contemplatif. Prenez le temps d’y savourer un pique-nique au bord de la rivière, ou de faire une pause après une ascension qui tire sur les mollets et ravit les yeux.

Sillé-le-Guillaume : la nature à l’ombre des forteresses

Dans l’imaginaire local, Sillé c’est le lac. Mais le bourg mérite mieux qu’un simple détour pour ses bases nautiques et son air de vacances. Fondé au Xe siècle autour de sa forteresse, Sillé-le-Guillaume a gardé une âme modeste, voire secrète. Ici, les pierres parlent de résistance et d’ingéniosité.

  • Le Château féodal : vestige rare du Moyen-Âge, il abritait jadis une prison redoutée. Classé Monument Historique, il se visite en été, et offre en prime une vue sur la forêt domaniale (source : DRAC Pays de la Loire).
  • L’église Notre-Dame et son étonnant clocher roman, dominant la “grande rue”.
  • Le lac de Sillé : une retenue artificielle créée en 1899, sur 32 hectares, qui offre aujourd’hui un refuge pour plus de 150 espèces d’oiseaux recensées (source : LPO Sarthe).
  • La Forêt de Sillé, avec ses 3 500 hectares de chênes et pins, truffée de légendes.

Moins tapageur que certains sites touristiques, Sillé a la discrétion des lieux habités depuis longtemps, qui n’ont rien à prouver. Le marché du samedi matin, très couru localement, bruisse encore de producteurs authentiques, où la pièce de viande trône entre le miel et la pomme du verger voisin.

Vernie : ruelles bucoliques et histoire de Résistance

Vernie, c’est presque un mot oublié sur une enveloppe ancienne. Petite commune à la frontière du parc Normandie-Maine, elle aurait pu dormir doucement si sa mémoire collective n’était pas aussi vive.

  • Un bourg “résistant” : lors de la Seconde Guerre mondiale, le village a été un haut-lieu du maquis sarthois. Sa stèle commémorative, érigée près de l’église, témoigne d’un réseau actif organisé dès 1943, qui a permis à plus de 25 familles de trouver refuge (source : archives départementales de la Sarthe, cote 11 J 324).
  • Vieilles pierres : la mairie-ancienne école, le presbytère, les maisons à tuiles rouges racontent la ruralité authentique, loin des volets colorés instagrammables.
  • La Vallée de la Haute Sarthe : à quelques pas, le chemin du Moulin de Pont-Perdrix serpente entre prairies et bosquets. On y fait des rencontres discrètes : martin-pêcheur, chevreuil étonné, paysan qui lève la casquette.

À Vernie, le plus grand trésor reste le calme. C’est le genre d’endroit où le clocher marque l’heure, mais où la montre peut bien attendre que la pluie cesse ou qu’un gosse vous raconte la dernière légende du village, celle de la fontaine miraculeuse.

Douillet-le-Joly : charme d’un village minuscule, histoires au pas de la porte

Son nom prête à sourire et invite à la plaisanterie, mais Douillet-le-Joly, c’est avant tout un condensé d’intimité sarthoise. Avec à peine 375 habitants sur 11 km² (Insee 2021), la commune s’étire entre bois et prairies, jusqu’aux portes du Haut-Maine.

  • L’église Saint-Jean-Baptiste : bel exemple de petite architecture rurale, avec ses modillons sculptés et son retable du XVIIIe siècle.
  • Patrimoine paysan : vieux four à pain qui chauffe encore pour la fête du village chaque juillet, puits et lavoirs sur la place principale.
  • Les croix de chemin : six recensées, certaines plantées depuis le XIXe siècle, jalonnent l’espace et racontent la chrétienté de la campagne (source : Inventaire Régional du Patrimoine).

L’aubépine fleurit au début du printemps, et l’air sent parfois la fougère et le feu de bois. Douillet, c’est le genre d’endroit où l’on parle facilement avec les mains pleines de terre et le sourire franc. On y vient aussi pour la pêche au brochet sur la Sarthe ou la balade jusqu’à la Croix du Bas-Bourg, monument discret perdu dans la prairie.

Grandchamp : entre bocage mystérieux et patrimoine campagnard

Dans le triangle Sillé-le-Guillaume, Fresnay-sur-Sarthe, Beaumont-sur-Sarthe, Grandchamp fait partie de ces points d’étape qu’on ne choisit qu’en flânant. Pourtant, le village a de quoi attiser la curiosité des amateurs de vieilles pierres et de sentiers fleuris.

  • Le Château de Grandchamp : manoir du XVIIe siècle flanqué d’un superbe pigeonnier circulaire, privé mais visible de la rue du Lavoir.
  • L’église Saint-Pierre : sa façade simple abrite pourtant un intérieur riche : autel en pierre de Roussard, vitraux XIXe.
  • Bocage bocager : bocage préservé, haies vives (1,7 km de haies pour 100 hectares — étude Agreste, 2017), prairies pâturées, des coins à orchidées sauvages et papillons rares l’été.

À Grandchamp, la campagne se décline en nuances de vert, au fil des saisons. C’est la terre des champignons en automne, des confitures sur le rebord des fenêtres en été. Loin de l’agitation, mais pas du monde vivant.

Suggestions de balades « en marge » : quand l’itinéraire fait le détour

Pour celles et ceux qui aiment sortir de la trace, voici quelques idées à picorer autour de ces communes :

  • La boucle du “Patrimoine oublié” (16 km), un parcours partant de Vernie, traversant forêts et hameaux, cartographié par le Comité Départemental de Randonnée Pédestre.
  • Un après-midi à la rencontre des artisans installés à Sillé-le-Guillaume : potier, apiculteur et brasseur local (liste sur le site de l’Office de tourisme Maine Saosnois).
  • Observation matinale des oiseaux au pont de Guéramé, au nord de Saint-Léonard-des-Bois, spot noté 5/5 sur Ornitho.fr.
  • Pique-nique champêtre près du vieux puits communal de Douillet-le-Joly, sous le tilleul qui abrite parfois quelques contes partagés.
  • Patrimoine culinaire : la spécialité « sablé sarthois » à la boulangerie de Grandchamp, recette transmise depuis quatre générations selon les anciens du village.

À suivre sur les chemins de traverse…

La Haute Sarthe, ce n’est pas que des grands noms ou des bourgs qui attirent les foules. C’est surtout une constellation de petits villages où la vie suit son rythme, où chaque pierre, chaque haie, chaque rivière, raconte une histoire différente. L’invitation reste ouverte : on y va, un jour, pour la route, et on y revient pour les rencontres, les odeurs de pain, la lumière sur les toits. Écoutez, au prochain détour, le bruit du temps qui passe doucement : il se pourrait bien que ce soit le meilleur des détours.

Sources principales : IGN / DREAL Pays de la Loire / LPO Sarthe / Archives départementales de la Sarthe / Agreste / Inventaire Régional du Patrimoine.

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