Balade curieuse et authentique à Sougé-le-Ganelon

19/09/2025

Un village entre histoire et rivière – le fil du temps sur la Sarthe

Sougé-le-Ganelon, ce n’est pas qu’un joli nom : c’est d’abord un ancien bourg à cheval entre la Préhistoire et le Moyen Âge. Traversé par la Sarthe, il a longtemps été un village de batellerie. À l'époque, on y transportait du tuffeau ou du bois vers Angers et au-delà. Quelques vestiges en parlent mieux que les vieilles cartes :

  • Le Vieux Pont de Sougé : Ce pont de pierre à neuf arches, construit en 1863 (source : Monuments de France), est remarqué pour sa solidité. Jadis, il supportait le passage des charrettes pleines de marchandises et, pour tout dire, il est aujourd’hui la meilleure terrasse de la Sarthe pour un pique-nique improvisé.
  • La Basse-Cour : En contrebas du bourg, la Basse-Cour était la zone d’activité portuaire. On y devine encore l’ancienne cale et les vestiges d’une "guinguette" du début du XXème, fermée en 1960.

L’église Saint-Martin : mystère roman et cierge éternel

Impossible de rater l’église qui toise la place du village. Saint-Martin, toute en sobriété romane, serait un des plus vieux édifices de la Haute Sarthe (datée du XI siècle pour sa nef, classée Monument Historique en 1928, source : Ministère de la Culture).

  • Le clocher à bâtière typiquement roman, coiffé de sa flèche en ardoise taillée, veille sur le bourg.
  • Un vitrail surprenant raconte, selon la tradition locale, l’histoire d’un cierge allumé par erreur lors des vêpres et qui n’aurait jamais totalement fondu (fabulation ou légende, à vous de démêler sur place !).
  • Retables et statues en bois du XVIIème, sobres mais touchants, témoignent de la dévotion rurale de la région.

Le Manoir de la Cour : chronique d’une demeure oubliée

À la lisière du bourg, le Manoir de la Cour trône comme un vieux seigneur endormi (privé, observable depuis la route). Daté du XV siècle, il passe pour avoir abrité un certain Ganelon, personnage mi-historique mi-fabuleux, dont le nom se perpétue dans le village.

  • Architecture : Bâtisse à tours rondes et escaliers en vis, charpente remarquable, ouvertures à meneaux finement sculptées.
  • Petite anecdote : Selon les anciens, une « chaise du diable » serait enfoncée dans le mur sud, un simple siège de pierre qui, dit-on, absorbe la fatigue de ceux qui s’y assoient… ou les retient trop longtemps !

Le lieu ne se visite pas à l’intérieur, mais le contourner réserve toujours une surprise (oies, paons ou écureuils en vadrouille selon la saison).

Balade dans la campagne : croix, ruelles et chemins creux

Autour du bourg, place à la campagne XXL. Marcher à Sougé, c’est arpenter une mosaïque de sentiers bordés de haies bocagères, où chaque croix de chemin, chaque lavoir abritent une anecdote cueillie à voix basse.

  • La Croix du Chêne : à 1,2 km du centre, elle marque l’ancienne limite entre deux seigneuries rivales (la pierre date de 1642, l’arbre a connu la tempête de 1999).
  • Le Lavoir du Champ Perrin : restauré par les villageois en 2017, il était le théâtre des discussions matinales… et des paris sur la hauteur de la crue.
  • La ruelle dite “des Abeilles” : étroite à souhait, elle offre au printemps un couloir de parfum si dense que même les chats ralentissent l’allure.

La nature au premier rang : forêts, rivières et oiseaux

Pour les amoureux de verdure (et de jumelles), Sougé-le-Ganelon est au cœur de la Vallée de la Sarthe et tout proche des Alpes Mancelles. La commune possède 684 hectares de forêts (source : Inventaire Forestier National), dont une partie du Bois du Coudray, peuplé de hêtres et de chênes centenaires.

  • La Sarthe vivante : Rivière classée 2 catégorie, où l’on observe martins-pêcheurs ou cincles plongeurs dès les premiers rayons du matin. Les pêcheurs locaux vous le confirmeront : on compte, d'après la fédération de pêche, une douzaine d'espèces de poissons, dont la fameuse anguille de Sougé, servie parfois dans les bistrots alentour.
  • La randonnée de La Garonne : Non, ce n’est pas la rivière du Sud-Ouest, mais un hameau portant ce nom, sur un itinéraire de 7,8 km balisé par la communauté de communes. Passages ombragés, vues sur la vallée, cigales mécaniques (en été, les tracteurs !).
  • Le Rocher du Port : Promontoire naturel sur la Sarthe, à deux pas de l’ancien port fluvial, parfait pour observer le coucher du soleil. On y vient aussi pour pêcher la friture ou simplement écouter les grenouilles.

Mystères, légendes et petits trésors cachés

Les villages comme Sougé aiment raconter des histoires où le vrai danse avec l’imaginaire – parce que le quotidien goûte mieux avec une pointe de mystère.

  • La légende de la cloche perdue : En 1917, une inondation aurait emporté la plus petite cloche de l’église. Un gamin du village affirme, chaque année au 15 août, encore entendre son tintement "sous l’eau" (source : Propos recueillis auprès de la famille Moreau, ancienne du village).
  • Les “pierres du sabotier” : Sur le chemin du Haut Bézier, trois blocs de granit portent d’antiques cupules. La nuit, selon la tradition, on y entendrait les outils des fantômes sabotiers fabriquant des sabots miniatures. Sceptiques ? Allez voir par vous-mêmes, l’endroit est charmant même en plein midi, fantômes ou non…

Fêtes, marchés et autres rendez-vous conviviaux

  • La Fête du pont : Organisée chaque année autour du 14 juillet, elle rappelle l’importance du passage sur la Sarthe. Au menu : traversée costumée, fanfare locale, et concours de pêche à la ligne (l’année dernière, record à 1 423 g pour une tanche, bravo M. Gaudin du hameau du Bois ; source : Comité des Fêtes).
  • Marché du vendredi : Sur la place, petites étals de producteurs locaux : miel du pays, fromages, légumes bios et, en saison, le fameux cidre de M. Bonnet (médaillé d’argent au concours régional 2022).
  • Brocantes de printemps : Amateur de vieux outils, de cartes postales ou simplement de bavardages autour d’un vin blanc sec ? Le printemps à Sougé est la saison idéale pour chiner.

Et n’oublions pas les visites commentées (en été) : circuit du vieux bourg, ateliers patrimoine, ou balades ornithologiques avec l’association locale.

Les curiosités à ne pas manquer en famille… ou en solitaire

  • Le circuit des énigmes : Destiné aux petits et grands, entre chasse au trésor, lecture de paysage et défis nature (fiches à retirer à la mairie, gratuit).
  • Le panorama du chemin du Tertre : En haut du hameau de la Gare, vue plongeante garantie sur le méandre de la Sarthe, particulièrement beau à l’aube.
  • Découverte du “Ganelon” : Figure du folklore local, mi-chevalier, mi-voleur de poules, il inspire encore la fête de village et fait rire les enfants avec ses histoires abracadabrantes.

Une pause hors du temps… et une invitation à l’inattendu

Sougé-le-Ganelon, ce n’est pas San Gimignano ni la Bretagne perdue, mais c’est bien mieux qu’un détour. Ici, chaque venelle, chaque bosquet, chaque pierre porte à la curiosité – et si l’on s’y attarde un peu, on repartira forcément avec une histoire à raconter, une recette à tenter, ou, qui sait, un secret de plus glané au détour d’un chemin.

Pour ceux qui veulent s’aventurer hors des sentiers battus, voici quelques idées :

  • Partir à la recherche des lavoirs oubliés et essayer de deviner qui lavait le plus vite…
  • Comparer l’acoustique de l’église avec le silence du bois tout proche
  • S’arrêter au Rocher du Port à la tombée du soir, savourer la lumière et l’ombre qui se disputent la rivière
  • Faire un tour au marché, discuter avec les “pays d’ici”, et repartir, qui sait, avec un pot de miel qui n’a jamais quitté la Sarthe

Alors, si le cœur vous en dit, poussez la porte ou le portillon. Il y a, à Sougé-le-Ganelon, assez de curiosités pour inventer sa propre aventure… et peut-être, un jour, la raconter à son tour.

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