Paysages et géographie des Pays de la Haute Sarthe : secrets d’une terre à explorer

25/06/2025

L’éventail des paysages de la Haute Sarthe : nature plurielle et identités fortes

Dans les Pays de la Haute Sarthe, le paysage forme une mosaïque inattendue — sûrement parce que le territoire est à la croisée de plusieurs influences : le Massif armoricain arrive par l’ouest, la plaine du Maine se faufile au sud, la Normandie n’est jamais loin. Cette diversité naturelle se lit à chaque détour :

  • Le bocage sarthois, avec ses haies, ses pommiers et ses rubans de prairies vallonnées.
  • Des vallées profondes où serpente la Sarthe et ses affluents, creusant des méandres parfois abrupts.
  • Les forêts domaniales et bois privés, véritables oasis d’ombre et de fraîcheur.
  • Des plateaux agricoles qui ouvrent des horizons larges, ponctués de villages de pierre claire.

Selon Géoportail et la carte IGN, ce patchwork s’étend du nord du Mans jusqu’aux premiers contreforts de la forêt de Perseigne (Géoportail).

Des rivières en partage, entre Sarthe, Huisne et Orne Saosnoise

L’eau est la colonne vertébrale de la géographie locale. Difficile d’imaginer la Haute Sarthe sans penser à ses rivières ! Premier rôle : la Sarthe elle-même, qui traverse le pays sur près de 70 kilomètres, dessinant ses larges méandres entre Fresnay-sur-Sarthe et Beaumont-sur-Sarthe. Mais ce n’est pas la seule à faire causer poissons, pêcheurs et canards :

  • L’Orne Saosnoise, plus discrète, file par Marolles-les-Braults.
  • L’Huisne érafle la frontière est, vers La Ferté-Bernard.
  • Puis il y a la Vègre, rivière affluente de la Sarthe, qui prend source près de Rouez et sinue vers Sillé-le-Guillaume.
  • Le Narais, cours d’eau plus modeste, joue la partition des prairies inondées.

Rivières nourricières, vecteurs de moulins, complices de la biodiversité… Elles sculptent vallées, marais, et jardins suspendus, apportant au passage une fraîcheur enviée lors des étés caniculaires (source : EPTB Sarthe).

La géographie sous le signe des vallées : entre creux paisibles et reliefs insoupçonnés

On aurait vite fait de croire la Haute Sarthe toute plate… C’est une fausse idée ! Ici, le relief joue à cache-cache. Les vallées sont les grandes sculptrices : la Sarthe, en creusant son lit, a façonné des coteaux en gradins autour de Fresnay-sur-Sarthe, Saint-Léonard-des-Bois ou Ségrie.

  • Certains vallons encaissés offrent des paysages surprenants – à Saint-Céneri-le-Gérei (classé « Plus beau village de France »), la rivière longe d’étroites falaises de schiste.
  • Prenez la vallée de la Misère, entre les bourgs de Beaumont et de Fresnay : elle coupe net les plateaux, formant ces fameux « travers de Sarthe » – des versants escarpés et boisés, presque imprenables.

Ce modelé a longtemps protégé les villages du tumulte extérieur, expliquant aussi la richesse architecturale préservée et la présence de moulins ancestraux (plus de 60 recencés sur la seule Sarthe entre Alençon et Le Mans=Les Amis de la Sarthe).

Forêts et bois : où la Haute Sarthe se fait sauvage

Les grandes forêts domaniales balisent le territoire et lui donnent ce parfum de légende. Voici le trio indissociable :

  • La Forêt de Perseigne : plus de 5000 hectares, immense poumon vert, où se dressent chênes, hêtres et sylvestres centenaires. Elle couvre le nord-est, près de Neufchâtel-en-Saosnois.
  • Le massif de Sillé-le-Guillaume : 3500 hectares, célèbre pour son lac et ses sentiers d’humus sous les sapins, très apprécié des randonneurs (ONF).
  • La forêt de Mézières-sous-Lavardin : plus modeste, mais refuge de chevreuils et de champignons.

À ces forêts publiques s’ajoutent une myriade de bois privés et communaux : autour de Saint-Rémy-du-Val ou de Douillet-le-Joly, les taillis bordent sentiers et exploitations. Autant d’espaces où la nature s’impose, entre clandestinité et majesté.

Un relief tout en douceur… mais jamais monotone

La Haute Sarthe n’affiche pas les audaces de l’Auvergne, mais le territoire est loin d’être uniforme. L’altitude varie doucement : le point culminant flirte avec les 340 mètres au-dessus du niveau de la mer sur les hauteurs de Perseigne, alors que les fonds de vallée descendent sous les 68 mètres à Beaumont-sur-Sarthe.

  • Les « collines du Saosnois » forment une belle ligne d’horizon au nord, comme la Butte du Mont du Saule (340 m).
  • La succession de vallons marque les routes de randonnée – les fameux « chemins creux », véritables signatures du relief local.
  • Les plateaux agricoles ouvrent des perspectives dégagées, idéales pour observer ciels changeants et grandes migrations d’oiseaux.

C’est un terrain faussement « tranquille » : parfait pour les balades à vélo sans (trop) de mollets, mais assez varié pour ne pas lasser l’œil.

Bocage sarthois : labyrinthe de haies, patrimoine vivant

Impossible d’en parler sans évoquer le bocage : la Haute Sarthe en conserve l’un des plus beaux réseaux de France selon Le Monde (article « Le bocage sarthois », 2022). Ici, les champs sont découpés de haies vives – noisetiers, aubépines, chênes têtards – qui font office de clôtures naturelles, de corridors pour la faune, de brise-vent, d’abri pour la biodiversité.

  • On estime que plus de 10 000 kilomètres de haies subsistent dans le département, dont une tombe quasi intacte en Haute Sarthe (source : Chambre d’Agriculture Sarthe).
  • Le bocage contribue à l’identité du paysage mais aussi à la protection des sols et à la régulation des eaux, limitant crues et érosion (France Nature Environnement).
  • L’automne, il s’embrase de couleurs fauves, offrant des tableaux dignes de l’école de Barbizon.

Dans de nombreux villages, le bocage détermine le tracé des chemins, des courses cyclistes (coucou La Sarthe Roll !), et l’emplacement des vieilles fermes sarthoises à cour carrée. Un patrimoine menacé, mais que nombre d’associations locales cherchent à sauvegarder.

Faune et flore de Haute Sarthe : petit inventaire amoureux

Sur ce territoire, la variété de milieux naturels a permis à une faune et une flore riches de s’installer et de résister aux bouleversements agricoles récents.

  • Côté animaux : la loutre d'Europe est de retour (preuve des bonnes qualités des rivières locales, selon le Parc Naturel Régional Normandie-Maine), les chevreuils et sangliers parcourent les bois, et le cortège des oiseaux demeure impressionnant : loriot, gros-bec, bondrée apivore, chouette chevêche dans les vieux vergers, martin-pêcheur le long de la Sarthe.
  • Les haies et mares bocagères accueillent grenouilles, tritons, libellules à profusion.
  • Côté flore : orchidées sauvages sur les versants secs de Perseigne, tapis de jacinthes au printemps dans les forêts, espèces rares comme l’osmonde royale dans les zones humides (Parc Normandie-Maine).

Et puis, il y a ce parfum d’aubépine au printemps, les champs d’orge à perte de vue, les sous-bois bruissants de mousse : l’inventaire est celui d’un patrimoine vivant, modeste mais inestimable.

Paysages en habits de saison : le théâtre vivant de la Haute Sarthe

Ici, la palette change chaque mois :

  • Hiver glace les vallées d’un givre lumineux, accentuant le relief des chemins creux ; la brume habille les bocages et tord les silhouettes des arbres têtards.
  • Le printemps explose dans un festival de vert tendre, d’orchidées timides et de mares bondissantes d’alytes accoucheurs et de carpes en fraie.
  • L’été darde ses longues journées chaudes, les blés murissent, les forêts s’embaument de résine, la Sarthe devient miroir pour les randonneurs en canoë.
  • L’automne signe le retour des brouillards et des couleurs ocre ; les haies se chargent de fruits, le marché embaume la pomme et le cèpe.

Les photographes de la région ne s’y trompent pas : chaque mois a son ambiance, sa lumière à cueillir.

La patte de l’homme : une nature sculptée, raisonnable, artisanale

La Haute Sarthe, ce n’est pas une nature vierge, mais un paysage d’interactions. Depuis le Moyen-Âge, l’homme a modelé le territoire – parcellaire serré des bocages, implantation des moulins, défrichements autour des accores de vallées, création des buttes pour la défense féodale.

  • Des lavoirs cachés ponctuent les rivières, vestiges de la vie quotidienne d’autrefois.
  • Les vieilles fermes tuffeautées et les chapelles isolées jouent les touches de couleur dans les champs.
  • Le remembrement des années 1960-80 a certes mangé quelques haies, mais la résistance bocagère s’active via des projets associatifs (ex : action « Plan Bocage » du PNR Normandie-Maine).
  • Le tourisme lent (équestre, cyclotourisme, pêche) façonne aujourd’hui de nouveaux itinéraires et redonne vie aux chemins : ils étaient 1100 km de sentiers balisés en 2023 dans le Pays (Sarthe Tourisme).

On est loin du mitage ou du béton : c’est une nature de compromis, souvent raisonnée, avec ses zones de quiétude protégées.

Les plus beaux points de vue sur la nature locale

Pour juger la Haute Sarthe sur pièce, rien de mieux que quelques balcons naturels. En voici cinq (presque) secrets :

  1. Le belvédère de Perseigne : à plus de 300 mètres, panorama sur les bosquets, les vallons et la plaine jusqu’aux confins du Perche.
  2. Les bords de Sarthe à Saint-Céneri-le-Gérei : harmonie de pierres et de méandres, classé parmi les plus beaux sites naturels de l’ouest.
  3. La Butte du Mont du Saule : vue à 360° sur la vallée de la Sarthe et les reliefs du Saosnois, populaire pour les couchers de soleil.
  4. Le lac de Sillé, pour la diversité bucolique entre eau, forêt, lande et plage.
  5. Le viaduc de Montbizot : un point de vue qui embrasse la campagne bocagère et les méandres en aval.

À chaque étape, attendez-vous à croiser randonneurs du dimanche, botanistes farfelus, contemplatifs bavards… et la quiétude, la vraie.

Oser quelques chemins de traverse…

La géographie des Pays de la Haute Sarthe n’est ni spectaculaire ni tapageuse : elle se révèle à qui prend le temps de sortir des grands axes, de suivre le cours d’une haie, de grimper sur un belvédère, de discuter au détour d’un village où le fil du paysage se tisse entre traditions, surprises et silences. Ici, chaque relief, chaque rivière et chaque bosquet racontent une histoire ancienne — et invitent à écrire la sienne.

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