Sur les hauteurs de la Haute Sarthe : villages et belvédères où l’horizon s’élargit

30/09/2025

Pourquoi la Haute Sarthe offre-t-elle tant de points de vue ?

Le secret est simple : un relief doux, moulé pièce à pièce par la rivière Sarthe qui ondule depuis la Normandie jusqu'à la Loire, dessinant une vallée souvent escarpée, parfois rase, toujours vivante. Le socle armoricain donne à la région ses promontoires et affleure parfois à travers le bocage ; les anciens villages se sont nichés là où la vue protège ou séduit. Aujourd’hui encore, nombre d’entre eux gardent ce rapport instinctif au paysage, la campagne se découvrant tout entière sous un pas de porte ou au détour d’un sentier.

  • Une vallée creusée de méandres, qui offre nombre de belvédères naturels
  • Un maillage de petites routes rurales, parfaites pour les cyclistes ou promeneurs du dimanche
  • Pas de grands axes routiers défigurant l’horizon — la beauté y est patiente

Voici cinq villages emblématiques pour leurs panoramas, à savourer sans modération — et quelques suggestions pour dénicher d’autres perles plus secrètes encore.

Sainte-Scolasse-sur-Sarthe, entre bocage et rivière

S’il fallait penser à un village qui dompte la Sarthe du regard, Sainte-Scolasse-sur-Sarthe serait sans doute en bonne place. Situé sur la rive droite, ce village de moins de 500 habitants (source : INSEE 2021) épouse un rebord de plateau qui plonge doucement sur la campagne ornaise. Le clou du spectacle ? Le pont Napoléon III qui relie les deux rives, encadré par de vieux saules, et tout autour les pentes boisées qui, le matin, se parent de brumes tremblantes.

  • Le plus : depuis la petite route menant à La Boulaire, une halte près de la croix de granit offre un panorama saisissant sur la boucle de la Sarthe et le village blotti.
  • Anecdote : Victor Hugo aurait, lors de son exil, traversé la région et séjourné non loin (source : archives départementales de l’Orne).

Mont-Saint-Jean, la vigie du Perche sarthois

Rien à voir ici avec le Mont-Saint-Michel, mais la position dominante est bien réelle ! Mont-Saint-Jean (Sarthe), perché sur sa colline à près de 220 mètres d’altitude, surplombe tout le bassin de la Haute Sarthe et des Alpes Mancelles. Les ruines du château médiéval racontent plusieurs siècles d’histoire — et une halte sur le chemin de ronde offre à la fois vue sur le village et sur la campagne jusqu'à Saint-Léonard-des-Bois (par temps clair).

  • Point à ne pas manquer : Grimpez jusqu’au panorama de la Pierre de Saint-Jean, un rocher veiné de quartz, d’où l’on aperçoit la Sarthe serpenter entre bosquets et prairies.
  • Bon à savoir : Le village est classé « Petite cité de caractère » depuis 2018 (Petites Cités de Caractère).

Saint-Céneri-le-Gérei, tableau vivant sur la Sarthe

Classé parmi « les plus beaux villages de France », Saint-Céneri-le-Gérei n’a plus besoin d’être présenté. Pourtant, la plupart des visiteurs se pressent le long de la rue principale sans jamais grimper jusqu’au promontoire de la chapelle Saint-Céneri. Là-haut, c’est un autre spectacle : le méandre de la rivière encerclant le bourg, les toits d’ardoise sur fond de côteaux fleuris, et la lumière d’été jouant avec les eaux (voir France Voyage).

  • Coup de cœur : Par temps d’orage, le vallon prend des airs de Toscane du nord, avec de brusques éclats dorés sur les murs.
  • Saviez-vous ? Les peintres impressionnistes, dont Camille Corot et Charles Léandre, ont installé leur chevalet précisément sur ces hauteurs (source : Musées de la Sarthe).

Saint-Léonard-des-Bois, la sentinelle rocheuse

Ici, la Sarthe se fait fougueuse, sculptant d’impressionnantes gorges et des escarpements abrupts au sein des Alpes Mancelles. Saint-Léonard-des-Bois, à la lisière du Parc naturel régional Normandie-Maine, aligne ses maisons le long de la rivière et, sur les hauteurs, des points de vue spectaculaires. Le Belvédère du Haut Fourché, accessible en randonnée, offre la vue la plus époustouflante : d’un côté, la rivière enclavée, de l’autre, la mosaïque de champs et de bois.

  • À faire : La boucle du « circuit des rochers » (7 km, balisé PR), qui traverse genêts et pins et débouche, tout en sueur, sur le panorama du Pas de l’Échelle.
  • Chiffre clé : Les escarpements culminent à 220 m, avec un dénivelé de près de 120 m entre la rivière et le sommet (source : ONF Sarthe).

Fresnay-sur-Sarthe, château et horizon ouvert

Fresnay-sur-Sarthe n’est pas qu’une « Petite cité de caractère » : c’est aussi le meilleur poste d’observation pour dominer la vallée sans marcher des heures. Depuis la terrasse du château médiéval (aujourd’hui convertie en parc public), la vue file en direction du nord et de la forêt de Sillé-le-Guillaume. On repère la rivière bondissant sur ses rochers, les prairies humides entrecoupées de peupleraies, et, les jours clairs, le ruban argenté des trains du TER Le Mans-Alençon.

  • Suggestion goûter : Emporter des rillettes et du bon pain chez Dumont, la boulangerie du parvis, et savourer tranquillement la vie qui passe… et la Sarthe qui s’étire au loin.
  • Fait insolite : Le château fut assiégé plus de cinq fois pendant la guerre de Cent Ans — on comprend, vu la vue stratégique ! (Source : Office de tourisme de Fresnay)

Quelques spots plus secrets ou alternatifs à explorer

  • Neuvy-en-Champagne : Depuis le promontoire du Moulin d'Avezé, un point de vue champêtre sur la vaste plaine sarthoise, souvent désert.
  • Mamers : Du côté du quartier Saint-Léonard, la route des Crêtes offre de jolis couchers de soleil sur le bocage ; rare, une table d’orientation y a été installée.
  • Montguyon : Moins connu des guides, ce minuscule hameau perché, près de Chérancé, aligne trois bancs face à l’un des grands méandres de la Haute Sarthe. Pause rêveuse garantie.

Quelques conseils pour profiter des panoramas sarthois

  1. Préférer les lumières de l’aube ou du soir : les reliefs se découpent mieux, et la vallée se drape parfois de brume ou de lumière rasante.
  2. Ouvrir l’œil : nombre de points de vue ne sont pas fléchés, n’hésitez pas à demander aux habitants ou à consulter la carte IGN (TOP 25, Le Mans Alençon 1518 OT).
  3. Pour les photographes, privilégier le printemps (floraisons), l’été (orages et lumières dorées) et l’automne (bocage flamboyant de châtaigniers et hêtres).
  4. Rester prudent : certains promontoires sont exposés, surveillez enfants ou chiens fougueux lors des balades.

Un autre regard sur la Sarthe

De Sainte-Scolasse à Fresnay, en passant par les gorges de Saint-Léonard, chaque village offre — sans tambour ni trompette — sa petite leçon de géographie poétique. Habiter l’horizon, c’est ici quelque chose qui se partage, entre un banc moussu, un morceau de pâté, et un regard plus large que le ciel. Pour peu qu’on s’aventure hors des sentiers battus, les panoramas de la Haute Sarthe ne se ménagent pas : ils se découvrent, parfois au prix de quelques gouttes de sueur, mais toujours dans la joie d’une vue qui respire.

La prochaine fois que la tentation d’un paysage buissonnier vous chatouille, laissez la voiture en bas, grimpez à pied, et laissez-vous surprendre. Parfois, le plus beau panorama, c’est celui qu’on ne cherchait pas.

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