Marcher au rythme de la Sarthe : Balades et secrets de ses rives

09/10/2025

Le fil de l’eau : comprendre la « Vallée de la Sarthe »

Avant d’attraper de bonnes chaussures, engrangeons deux ou trois anecdotes de vieux chemin… et d’état civil ! La rivière Sarthe naît dans l’Orne, près du Mêle, et s’étire ensuite sur 313 kilomètres bien sentis (source : lesfleuves.fr). Elle marque de ses méandres la frontière mouvante entre bocage, forêts et cultures. Sur la portion Haute Sarthe – de la source jusqu’à Alençon – la vallée reste à taille humaine, souvent confidentielle. On y croise des « barques à fond plat » sur l’eau, des pêcheurs silencieux sous les saules et des hérons qui n’ont pas besoin de montres.

La Sarthe structure aussi tout un réseau de sentiers, officiels ou secrets, qui servent depuis des générations d’accès aux moulins, aux prairies, aux anciennes guinguettes et même à quelques points de baignade (certains encore clandestins…). Sous la dentelle verte, ce fil d’eau a toujours guidé les marcheurs et les rêveurs.

Quelles balades privilégier ? Le choix d’itinéraires variés

Le plaisir avec la Sarthe, c’est qu’elle offre autant de manières de marcher que de saisons. Ce qui suit n’est qu’une sélection subjective, piochée dans des parcours balisés, des « PR » (Petites Randonnées), ou de simples suggestions d’évasions à inventer au gré de l’eau.

1. Entre Le Mêle-sur-Sarthe et Saint-Léger-sur-Sarthe : balade de source

  • Distance : Environ 7 km aller-retour pour les plus motivés
  • Départ : Place du Plan d’eau, Le Mêle-sur-Sarthe
  • Points d’intérêt : Source de la Sarthe (panneau explicatif à Saint-Aubin d’Appenai), traversée de bocage ancien, prairies humides riches en orchidées sauvages au printemps (source : Conservatoire d’espaces naturels Normandie).
  • Astuce : Faites un crochet vers l’Église de Saint-Léger, joyau méconnu du gothique rural.

Ce secteur, c’est la fête des oiseaux de haie, la lumière des premiers matins de juin et – pour les plus attentifs – un parfum subtil de menthe aquatique. Rarement fréquenté en semaine, parfait pour qui cherche la solitude complice des rivières de tête.

2. Alençon – Condé-sur-Sarthe : le classique à deux visages

  • Distance : 6 km aller-retour, balisage GR® 36 (source : FF Randonnée)
  • Départ : Moulin de Lancrel, à proximité immédiate du centre d’Alençon
  • Points d’intérêt : Vieux pont des « Tanneurs », chemin des Pêcheurs, micro-port du Moulin Oisivet, ancienne voie de halage
  • À ne pas manquer : Le matin tôt, le passage de la faune (martins-pêcheurs et parfois loutres discrètes, si si… !)

Ce segment est parfait « après école » ou le dimanche matin. On longe la rivière côté urbain avant de pénétrer, après les dernières maisons, dans une ambiance plus sauvage, presque forestière. Quelques bancs stratégiques permettent de laisser filer l’heure tout en observant la danse un peu maladroite des canoës.

3. Montreuil-le-Chétif jusqu’à Fresnay-sur-Sarthe : immersion patrimoniale

  • Distance : 10 km, en aller simple, suivre le balisage bleu du circuit local
  • Points d’intérêt : Moulin de Saint-Paul, passerelles suspendues, panorama sur le château de Fresnay, petites « venelles » typiques du XIX siècle
  • Culture : Ce parcours longe sur plusieurs kilomètres des bras morts de la rivière, vestiges de l’ancien canal de navigation abandonné dans les années 1930 (source : Archives départementales de la Sarthe)

L’histoire rurale reprend ici ses droits : les toits d’ardoise se reflètent sur l’eau, les potagers descendent en terrasses jusqu’à traverser les chemins. On y croise autant de pêcheurs que de conteurs, si l’on tend l’oreille lors des animations patrimoniales de l’été.

4. Alpes Mancelles et Saint-Léonard-des-Bois : la Sarthe à flanc de roche

  • Distance : Circuits de 4 à 16 km (divers boucles balisées, info disponible sur le site des Alpes Mancelles)
  • Ambiance : Vrai décor de carte postale : falaises de quartz, méandres resserrés, sentiers suspendus au-dessus de l’eau
  • Points forts : Nombreuses tables d’orientation, biodiversité remarquable (orchidées, chevreuils, faucons crécelles)

La Sarthe, ici, se faufile entre des reliefs inattendus. Les chemins sont parfois sportifs (attention aux racines et à la roche glissante après la pluie !) mais la vue depuis la Rochebrune ou la Grande Vallée justifie amplement quelques efforts. Un must des promeneurs rêveurs et des photographes… ou des collectionneurs de couchers de soleil.

Mieux marcher : conseils pratiques et informations utiles

Même si la Sarthe n’est pas l’Amazone, la rivière se mérite à pied, surtout selon la saison. Petite compilation pour des balades sans mauvaise surprise :

  • Périodes idéales : Avril à octobre, avec mention spéciale pour la fin mai – explosion de fleurs sauvages, moins de monde, parfums plus puissants dans l’air.
  • Précautions météo : Le lit de la Sarthe déborde régulièrement au printemps, surtout après pluie ou fonte des neiges dans le Perche : consulter l’état des chemins (source : Vigicrues et mairies locales).
  • Respect des lieux : Certaines portions traversent des propriétés privées ouvertes par convention : ne pas sortir des sentiers (sous peine de perdre le fil… et la boussole !).
  • Faune et flore : Laisser les orchidées, les libellules et les carpes tranquilles : la Sarthe abrite plus de 40 espèces protégées d’insectes d’eau et l’une des principales colonies de chauve-souris d’Europe occidentale dans le secteur d’Alençon (source : Parc naturel régional Normandie-Maine).
  • Accessibilité : Plusieurs tronçons récents sont accessibles aux poussettes et fauteuils roulants, notamment sur la voie verte entre Alençon et Condé-sur-Sarthe et autour du plan d’eau du Mêle. De nouvelles passerelles en bois assurent aussi la sécurité sur les rives escarpées du côté de Saint-Léonard.

À noter enfin l’offre récente de « balades connectées » : quelques nouveaux panneaux QR code disséminés le long du parcours (offices de tourisme d’Alençon, Fresnay, Saint-Léonard) proposent de courtes histoires audio sur la rivière, ses légendes et ses barques (« toues ») d’autrefois. Une bonne manière de distraire petits et grands… ou d’apprendre à deux pas de la berge.

Visages méconnus de la Sarthe : anecdotes et haltes secrètes

  • Le pont de fer de Saint-Céneri : Construit en 1869, ce pont suspendu – rare en France par son système en arc – offre un point de vue insolite à la frontière Orne/Sarthe, parfait pour une pause pique-nique (source : Inventaire général du patrimoine).
  • Les arbres à clous de Saint-Aubin-de-Locquenay : D’après la tradition, les promeneurs accrochaient ici des clous à un vieux chêne en échange de la guérison d’un mal ou pour exaucer un vœu… Le dernier arbre à clou visible, désormais protégé, s’observe depuis la rive ouest au printemps.
  • Les « plages sauvages » de Maresché : À la sortie du village, deux petites grèves aménagées, méconnues des touristes, permettent de tremper les pieds… ou d’observer les libellules géantes tirer la révérence à la surface de l’eau.
  • Le cimetière de bateaux de Saint-Denis-sur-Sarthon : Quelques coques d’anciens « bateaux-lavoirs » rouillent à demi, à l’abri des regards. Elles témoignent de la vie fluviale intense des années 1920, quand la Sarthe servait de voie d’approvisionnement en matériaux de construction jusqu’à Rouen.

Pour les amateurs de légendes, la Sarthe regorge aussi d’histoires de trésors engloutis et de barques fantômes, racontées les soirs d’orage ou pendant les veillées villageoises à Saint-Léonard.

Petits plaisirs à marier avec la balade

  • Marché de Fresnay-sur-Sarthe : Le samedi matin, de quoi remplir le sac à dos de fromages de chèvre, d’œufs fermiers, et de « pain du moulin ».
  • Salon de thé du Moulin du Pont (Saint-Léonard-des-Bois) : Une pause collation sur terrasse suspendue au-dessus de la rivière.
  • Festival du film d’Alençon : Chaque été, des projections en plein air « les pieds dans l’eau » sur les rives aménagées, pour finir la balade en mode cinéphile bucolique.

À chacun d’inventer son moment, entre grand sentier et sieste sous un saule, avec une poche de cerises ou un carnet de croquis. La Sarthe n’a jamais fini de changer d’humeur : elle peut être rivière d’enfance ou de confidences, chemin de prière, fil de pêche ou parenthèse poétique.

Sous les frondaisons, d’autres chemins à écrire

Les rives de la Sarthe racontent mieux que personne comment un pays se réinvente à chaque pas. Les balades n’y sont jamais les mêmes, ni dans la lumière qui change, ni dans les rencontres ou les histoires qu’on attrape au vol. Certains préfèreront l’aube, d’autres la tombée du soir. Mais tous repartiront avec un souvenir : une odeur de cresson, le timbre d’une cloche lointaine, ou la silhouette d’un héron à l’envol.

Rendez-vous sur les chemins. Et si vous apercevez une vieille barque échouée, qui sait ce qu’elle pourrait encore raconter…

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